Gustave Courbet, Les Lévriers du comte de Choiseul, 1866
L'Œuvre
On voit ici deux chiens dans un environnement qui leur est familier, une plage sous un ciel orageux. Dans ce portrait double, l’artiste représente non seulement l’apparence élégante des animaux, mais aussi la distinction entre leurs deux personnalités. Un des chiens regarde un peu timidement le spectateur, tandis que l’autre regarde quelque chose en dehors de la scène.
Le Moment historique
Courbet a passé l’été de 1866 à Deauville, sur la côte de la Normandie, comme hôte du Comte de Choiseul. Pendant ce séjour, il a fait un portrait des deux lévriers du comte, qui étaient peut-être des chiens de course. Depuis le dix-huitième siècle, le portrait animalier était à la mode. Il permettait ainsi à une personne riche de préserver la mémoire d’un chien ou d’un cheval bien-aimé.
Le Genre
Vers le milieu du dix-neuvième siècle, beaucoup d’artistes ont réagi contre le romantisme, qui soulignait les scènes imaginaires et idéalisées. Ils ont fait des œuvres dont le sujet est le monde quotidien, représenté tel qu’il est, sans embellissement. Cette tendance s’appelle le «naturalisme» ou le «réalisme», même si le style n’imite pas le réalisme technique favorisé par l’Académie.
L'Artiste
Gustave Courbet (1819-1877) a étudié le droit et les beaux-arts, choisissant enfin une carrière dans cette dernière matière. Il a participé à la vie bohème parisienne à partir des années 1840, et s’est considéré un révolté artistique et politique. Courbet emploie le terme «réalisme» pour décrire son propre style, et n’hésite pas à choquer avec des sujets non traditionnels comme les enterrements ou les nues sexualisées.